Auckland, Wellington, Ile du Sud
C'est toujours difficile de parler d'un pays qu'on n'a pas senti. Quand on part en voyage, on essaie d'avoir l'esprit ouvert et on se dit qu'on part a la decouverte de civilisations et de cultures inconnues (NDLR : ... de soi). Mais quand on arrive dans un pays sans culture et a la civilisation atone ... comment faire ? Forcement, au debut, on cherche, on se dit qu'on a mal regarde, que l'essentiel vous a echappe. Puis, quand on s'apercoit qu'il n'y a rien, on est decu, on rale de perdre son temps dans des endroits sans ame. C'est difficle d'admettre que tout ne peut pas etre bouleversant dans un voyage autour du monde. Mais bon, au bout du compte, on essaie de se faire a l'idee, on tire parti des bonnes choses et puis on attend avec impatience la prochaine etape.
La Nouvelle-Zelande, pour moi, c'est l'histoire de cette deception : la deception d'arriver dans un pays tant vante et finalement si depourvu d'epaisseur.
Le malentendu a commence a la douane lorsque, apres que j'ai declare des chaussures de randonnees "usagers" (qu'aurais-je pu declarer d'autre apres avoir use mes guetres sur les pentes du Machu Picchu ?), un officier zele m'a fait entierement defaire et refaire mon bagage, calecon apres calecon, pendant a peu pres une heure de temps, me posant toutes sortes de questions utiles et desagreables afin, soit disant "en raison des pays desquels je venais" (NDLR : l'Amerique du Sud), d'etre sur que je n'importais pas illegalement de la drogue ou quelque autre substance illicite du type bacterie ultra dangereuse prete a decimer le cheptel des sacro-saints 20 millions de moutons neo-zelandais (pour 4 millions d'habitants ... tout de meme).
Julien m'avait dit que les Neo-Zelandais etaient particulierement "helpful". Je mis donc cette petite seance inquisitoriale sur le compte de l'archi-phobie de ce pays pour tout ce qui pourrait menacer la bonne sante de leur agriculture et de leur elevage, et faillit meme croire mon camarade lorsque le chauffeur de bus me ramenant de l'aeroport d'Auckland a mon auberge de jeunesse m'a parle gentiment et m'a assure qu'il me previendrait lorsqu'on passerait devant l'hotel. Sa perte de patience avec une touriste japonnaise parlant mal anglais aurait du pourtant me mettre la puce a l'oreille ...
Toutes ces petites blagues me font arriver dans le centre d'Auckland en debut de soiree. Je m'installe a l'auberge de jeunesse et, tel le loup affame sortant de sa tanniere, j'en ressors rapidement pour tenter de trouver quelquechose a me mettre sous la dent. Sauf qu'Auckland un lundi soir n'est pas le bois du petit chaperon rouge et, d'aperitif chevrotant il n'y a point apres 20h. Imaginez-vous la premiere ville economique de Nouvelle-Zelande (a defaut d'en etre la capitale) desertee a partir de 20h ? Au debut, impossible d'y croire pour moi. Je me dis que je dois etre dans le mauvais quartier, que j'ai du me tromper d'orientation ... etc. Je ressors mon fidele Lonely Planet, je relis 20 fois le passage sur Auckland by night et tente de comprendre l'erreur. Pas d'erreur pourtant, Auckland by night n'existe pas ! Heureusement, apres avoir parcouru les rues dans tous les sens, je finis par trouver un cafe Internet destine a une clientele asiatique fan de jeux en lignes. Le dit cafe reste ouvert 24/24 et consent a alimenter ces accros du world wide web contre espesce sonnante et trebuchante. Je me glisse donc dans la peau d'un joueur aiatique et demande a utiliser un ordinateur. Le tenancier m'indique que 4 des 150 ordinateurs sont equipes de prises USB operationnelles si je souhaite telechager des photos. Damned, je suis decouvert ! Je profite quand-meme de l'offre speciale "touriste" et me nourrit d'un gateau a la viande de boeuf (miam, miam ... !).
Auckland by night ... hum, caliente !
Que fait-on quand on s'ennuie dans une ville ?
On monte sur le plus haut edifice pour admirer le coucher de soleil ...
On se prend en photo ...
On va a l'aquarium voir les poissons...
On se prend en photo ...
On va a l'aquarium voir les poissons...
Et on prend en photo les gens qui traversent au milieu de la rue (il faut dire qu'a Auckland, tous les feux passent au rouge en meme temps pour laisser passer les pietons)
Deux jours plus tard, je descends a la capitale : Wellington !!
Le bonapartiste qui sommeille en moi aurait du se mefier de ce nom pas tres engageant, mais pour l'eternel optimiste qui sommeille - aussi - en moi, tout espoir de trouver une ville vivante dans ce pays n'etait pas encore mort. Et puis Wellington, c'est quand meme la capitale, et le Lonely Planet ne tarit pas d'eloge sur ses cafes, ses restaurants et sa convivialite. Une petite Vienne de l'hemisphere Sud en quelques sorte (decidemment oui, je sais, le Bonapartiste sommeillait profondement !). Sauf que la capitale de ce pays en est seulement la 4eme ville par ordre d'importance. Alors, meme s'il faut reconnaitre, effectivement, que Wellington compte plus de cafes qu'Auckland, et que les cafes de Wellington sont plutot sympas, il faut quand meme que je vous dise aussi que l'artere principale de la ville ressemble a une rue pietonne d'une ville de province de seconde categorie (pour mes lecteurs du Sud-Ouest, on pourrait dire que la rue pietonne de Wellington ferait passer tarbes pour une charmante bastide du 15eme siecle), avec ses magasins defraichis et ses enseignes vieillottes. Mais surtout, ici comme partout ailleurs en Nouvelle-Zelande, apres 21h, la ville sombre dans un coma profond, a peine reveillee par quelques touristes en goguette qui n'arrivent pas a se decider a aller au lit si tot.
La principale attraction de Wellington : son funiculaire et son musee du funiculaireLe bonapartiste qui sommeille en moi aurait du se mefier de ce nom pas tres engageant, mais pour l'eternel optimiste qui sommeille - aussi - en moi, tout espoir de trouver une ville vivante dans ce pays n'etait pas encore mort. Et puis Wellington, c'est quand meme la capitale, et le Lonely Planet ne tarit pas d'eloge sur ses cafes, ses restaurants et sa convivialite. Une petite Vienne de l'hemisphere Sud en quelques sorte (decidemment oui, je sais, le Bonapartiste sommeillait profondement !). Sauf que la capitale de ce pays en est seulement la 4eme ville par ordre d'importance. Alors, meme s'il faut reconnaitre, effectivement, que Wellington compte plus de cafes qu'Auckland, et que les cafes de Wellington sont plutot sympas, il faut quand meme que je vous dise aussi que l'artere principale de la ville ressemble a une rue pietonne d'une ville de province de seconde categorie (pour mes lecteurs du Sud-Ouest, on pourrait dire que la rue pietonne de Wellington ferait passer tarbes pour une charmante bastide du 15eme siecle), avec ses magasins defraichis et ses enseignes vieillottes. Mais surtout, ici comme partout ailleurs en Nouvelle-Zelande, apres 21h, la ville sombre dans un coma profond, a peine reveillee par quelques touristes en goguette qui n'arrivent pas a se decider a aller au lit si tot.
Le jardin botannique
Et le parlement ... et oui, c'est quand-meme la capitale du pays !
Je continue donc mon chemin vers l'Ile du Sud. A defaut de villes, allons admirer ces paysages que l'on dit si beaux et dans lesquels a ete tourne le Seigneur des Anneaux. Et effectivement, c'est beau ! Mais comme le disait Coluche, t'achete une carte postale du lever de soleil et une du coucher et y'a pas de raison de rester rien que pour ca !! Car plus je progresse dans ce pays, plus je constate amerement qu'il n'y a effectivement pas de raison de rester rien que pour ca. Comme me le suggere Vanessa, ma compagnonne d'infortune sur l'Ile du Sud, ce pays, c'est de tres belles cartes postales, mais un manque d'ame sideral (bon je reformule un peu a ma sauce mais c'etait quelque chose du genre, en plus percutant !).
C'est vrai qu'on en prend plein les yeux dans cette ile du Sud : les baleines et les dauphins de Kaikoura d'abord, les paysages du Mont Cook et des alentours, les montagnes qui encerclent Wanaka, le lac glaciaire de Queenstown ou encore les fjords du Milford Sound (Contrairement a un "fjord", qui est creuse par la mer, "sound" designant apparemment un fjord creuse par un fleuve, bien que celui-ci ait ete creuse par la mer ... enfin bref).
Le probleme, c'est qu'apres etre rentre d'excursion en fin d'apres-midi, ben c'est termine, y'a plus rien a faire dans ce p... de pays ! Les magasins ont ferme a 17h et les restaurants renaclent a servir jusqu'a 21h. Alors pour compenser ce manque de vie, la "coutume" locale veut que l'on pratique des activites a haute dose d'adrenaline, histoire d'avoir l'impression de vivre un peu quand-meme. Djedje, bonne pate, s'est donc ruine a essayer toutes sortes d'activites mettant sa vie en peril (relativement ...) : pilotage d'avion, jet board, chute-libre, parachute et saut a l'elastique (historiquement le premier centre de saut a l'elastique du monde ... c'est dire si ces gens-la s'emmerdent depuis longtemps !).
C'est vrai qu'on en prend plein les yeux dans cette ile du Sud : les baleines et les dauphins de Kaikoura d'abord, les paysages du Mont Cook et des alentours, les montagnes qui encerclent Wanaka, le lac glaciaire de Queenstown ou encore les fjords du Milford Sound (Contrairement a un "fjord", qui est creuse par la mer, "sound" designant apparemment un fjord creuse par un fleuve, bien que celui-ci ait ete creuse par la mer ... enfin bref).
Le probleme, c'est qu'apres etre rentre d'excursion en fin d'apres-midi, ben c'est termine, y'a plus rien a faire dans ce p... de pays ! Les magasins ont ferme a 17h et les restaurants renaclent a servir jusqu'a 21h. Alors pour compenser ce manque de vie, la "coutume" locale veut que l'on pratique des activites a haute dose d'adrenaline, histoire d'avoir l'impression de vivre un peu quand-meme. Djedje, bonne pate, s'est donc ruine a essayer toutes sortes d'activites mettant sa vie en peril (relativement ...) : pilotage d'avion, jet board, chute-libre, parachute et saut a l'elastique (historiquement le premier centre de saut a l'elastique du monde ... c'est dire si ces gens-la s'emmerdent depuis longtemps !).
La photo a prendre en Nouvelle-Zelande : un magasin ouvert jusqu'a 22h !
La lac Tekapo, c'est beau
Randonnee au Mont Cook
Le Mont Cook (le plus haut sommet de la Nouvelle-Zelande)
Le Mont Sefton (pas aussi haut ...)
Sur la route du Mont Cook
Excursion dans le Milford Sound
Le pire de cette histoire, c'est sans doute que les neo-zelandais que j'ai pu rencontrer (c'est-a-dire, essentiellement, ceux qui travaillent dans les activites touristiques), sont a l'image de leur pays : un peuple sans ame, arc-boute sur ses automatismes et peu soucieux du service rendu a leurs visiteurs. Si tu ne les fais pas devier de leurs routines, tout va bien. Si, en revanche, tu oses interferer dans leurs petites habitudes, malheur a toi ! Parfois, je me suis meme dis que les parisiens n'avaient rien a leur envier. Imaginez un peu !!
Heureusement, dans les naufrages, il y a souvent des actes de bravoures ou d'humanite pour sauver le tableau du desastre total. L'acte de bravoure, en l'occurence, c'est Vanessa, qui a eu le courage de supporter pendant une semaine entiere (et oui, mesdames, c'est possible !), mes complaintes recurrentes et mes acces de rage anti-neo-zelandais. Cette francaise venue me pecher sur un forum de voyageurs et que j'ai rejointe sur l'Ile du Sud pour un bout de route ensemble avait l'heur de la bonne humeur. Des le matin, j'entendais vanter les merites de la journee qui commencait et qui nous reconcilierait definitivement avec la Nouvelle-Zelande. Le soir, dans les quelques restaurants ouverts qui daignaient nous servir, elle me rappelait notre beau pays et avait la politesse de supporter mes discours nostalgiques de l'Amerique du Sud (meme si faut vraiment que t'arrete de me couper la parole, Vanessa ! ... lol).
Heureusement, dans les naufrages, il y a souvent des actes de bravoures ou d'humanite pour sauver le tableau du desastre total. L'acte de bravoure, en l'occurence, c'est Vanessa, qui a eu le courage de supporter pendant une semaine entiere (et oui, mesdames, c'est possible !), mes complaintes recurrentes et mes acces de rage anti-neo-zelandais. Cette francaise venue me pecher sur un forum de voyageurs et que j'ai rejointe sur l'Ile du Sud pour un bout de route ensemble avait l'heur de la bonne humeur. Des le matin, j'entendais vanter les merites de la journee qui commencait et qui nous reconcilierait definitivement avec la Nouvelle-Zelande. Le soir, dans les quelques restaurants ouverts qui daignaient nous servir, elle me rappelait notre beau pays et avait la politesse de supporter mes discours nostalgiques de l'Amerique du Sud (meme si faut vraiment que t'arrete de me couper la parole, Vanessa ! ... lol).
Vanessa-la-bonne-humeur
L'acte d'humanite, ce sont les Japonais, qui envahissent la Nouvelle-Zelande comme ils envahissent les rues de Paris au moment des beaux jours (a croire qu'ils aiment se faire mal recevoir !) et qui, dans des auberges de jeunesse comme sur les chemins de randonnee, n'ont jamais manque un sourire, un bonjour ou un bout de conversation gentille. Depuis, en l'honneur de ce grand peuple ouvert et doux, je mange des sushis (ce qui, au surplus je l'espere, me permettra de perdre les kilos attrapes a force de nourriture neo-zelandaise incomestible).
Mais ceci est une autre histoire ...
PS : speciale dedicace a Ben